Au lendemain de la Grande Guerre, l’ensemble du pays, traumatisé par l’importance des pertes, ressent le
besoin de rendre hommage au 1,4 million de soldats tués. Par la loi du 25 octobre 1919, l’Etat prévoit
de faire réaliser un mémorial des morts pour la France sous la forme de registres déposés au Panthéon
d’une part et, d’autre part, sous forme d’un livre d’or recensant les morts nés ou domiciliés dans chaque
commune et déposé dans les archives municipales. Très rapidement, la construction d’un monument aux morts
de chaque commune s’impose partout comme la forme d’hommage la mieux appropriée. 36 000 verront le jour
en France. Dans le département des Yvelines, on en compte 263.
Si l'on excepte le monument aux morts de Triel-sur-Seine, inauguré le 5-02-1888, les
plus anciennes décisions de bâtir de tels monuments dans les Yvelines datent de 1915 et ont
été prises par les conseils municipaux de Chambourcy (délibération du 24 juin) et du Pecq (délibération
du 13 novembre). Mais, si la vague de constructions débute dès la paix retrouvée, en 1919, elle connaît
son maximum entre 1920 et 1922. En 1929, la majeure partie des 266 communes que comptait alors le
territoire correspondant à l’actuel département des Yvelines ont construit un monument, à l’exception
de Rennemoulin, Thionville-sur-Opton, Craches et Favrieux (dont le monument date de 1948).
Six communes ont choisi de ne pas édifier de monument sur leur propre territoire mais se sont associées
à une autre commune. Il s’agit de Rocquencourt qui s’est associé avec Le Chesnay (actuelle commune du
Chesnay-Rocquencourt), La Verrière avec Le Mesnil St Denis, Le Tartre Gaudran et Grandchamp avec La
Hauteville, Toussus-le-noble avec Chateaufort, Ménerville avec Boissy-Mauvoisin.
Huit autres communes ont deux monuments, soit parce qu’il a été choisi d’en édifier un sur la place
publique et un autre au cimetière (Les Mureaux, Maule, Louveciennes, Andrézy), soit parce que des hameaux
ont préféré avoir leur propre monument (Sandrancourt, hameau de Saint-Martin-la-Garenne et Dennemont,
hameau de Follainville, aujourd’hui Follainville-Dennemont), soit encore parce que deux communes dotées
chacune d’un monument ont été fusionnées par la suite (Maincourt-sur-Yvette avec Dampierre, Gassicourt
avec Mantes).
70% des monuments sont des obélisques.
Pour élever leur monument, la plupart des communes recourent à un entrepreneur local comme Hamon,
entrepreneur de Rozay (qui a réalisé au moins 13 monuments), Déjardin à Mantes-sur-Seine (11 monuments),
Mourgues à Rambouillet (8) ou encore Duchesne à Rosny-sur-Seine (7).
Une autre possibilité consiste à passer par une des firmes industrielles qui se sont spécialisées dans
le monument au mort, vendu sur catalogue, et qui opèrent dans toute la France. On recense au moins 12
monuments de ce type dans les Yvelines, parmi lesquels les productions des marbreries générales Gourdon
dominent avec leur modèle de la France victorieuse à Achères et Bréval, leur obélisque à Auffargis et
Condé-sur-Vesgres, leur Poilu mort en défendant le drapeau à Juziers.
Enfin, disposant de plus de ressources, Versailles, Mantes et Houilles manifestent pour leur monument
une véritable ambition artistique et choisissent de lancer un concours d’architecture.